L'alphabet ougaritique est une forme d'alphabet attesté dans la ville d'Ougarit entre le XVe et le début du XIIIe siècle av. J.-C.
Alors que la plupart des tablettes sont écrites en cunéiforme syllabique notant la langue akkadienne (langue sémitique) ou hittite (langue indo-européenne), quelques-unes le sont dans une nouvelle écriture cunéiforme, dite « alphabet ougaritique », servant à noter une langue sémitique cananéenne (ainsi que des textes hourrites).
Cette écriture est en fait, historiquement, le premier abjad (
alphabet écrivant surtout les consonnes) complet connu, après les écritures sinaïtiques. Il atteste pour la première fois de l'ordre des lettres encore utilisé de nos jours dans la plupart des alphabets modernes (alphabet latin, alphabet grec, alphabet étrusque mais aussi alphabets sémitiques comme les alphabets phénicien et hébreu), l'ordre dit « levantin ».
Composition de l'alphabetL'existence d'un classement alphabétique nous est connue par plusieurs tablettes abécédaires. Des tablettes plus rares, trouvées à Beth Šemeš, classent cependant les lettres dans l'ordre sud-arabique. L'abécédaire ougaritique le plus courant donne vingt-sept lettres (suivies de trois additionnelles) dans cet ordre (transcription traditionnelle des langues sémitiques) :
La première lettre n'est pas la voyelle /a/ mais le coup de glotte (une consonne) suivi de la voyelle /a/, car cet abjad — qui n'écrivait normalement pas les voyelles — ne servait pas à noter ce coup de glotte seul : en effet, ʾi et ʾu (coup de glotte suivi de /i/ ou /u/) semblent avoir été ajoutés à la fin de l'alphabet, donc tardivement. Il est possible qu'à l'invention de cet abjad il désignât le coup de glotte vocalisé (quel que soit le timbre de la voyelle) et ne se soit spécialisé que plus tard pour le coup de glotte suivi de /a/ et non pas d'une autre voyelle, d'où l'ajout des deux autres formes dans une période plus tardive.
La présence de quelques graphèmes syllabiques (dont ʾi et ʾu ajoutés à la suite) est un emprunt au modèle akkadien, d'où la présence d'un s̀, servant à transcrire une consonne non sémitique de valeur inconnue et vraisemblablement utilisée pour les textes écrits en hourrite. Le tracé de certains caractères varie selon les sources de documentation. Il n'y a en effet pas de modèle archétypal réel et les inscriptions peuvent être de styles très différents.